Des drones à l’IA : les techs qui émergent dans la défense

Le futur de la défense • Qant, M. de R. avec Midjourney

Les applications de l’intelligence artificielle se multiplient dans la défense et l’industrie militaire, depuis les simulations jusqu’aux outils dédiés à la sécurité nationale. État des lieux des principales start-up américaines.

IA, drones et espaces semblent concentrer l’écosystème de l’innovation militaire outre-Atlantique. En novembre dernier, par exemple, Scale AI a présenté Defense Llama, un LLM développé en partenariat avec Meta. Conçu spécifiquement pour la défense américaine, cet outil intègre des données sectorielles afin de renforcer les capacités d’analyse stratégique, de détection de menaces et de communication sécurisée. Cette initiative vise à répondre aux besoins croissants de technologies d’IA dédiées à la sécurité nationale.

Applied Intuition, pour sa part, investit également dans l’IA générative, misant sur une convergence avec les véhicules autonomes. L’entreprise propose des environnements virtuels qui permettent de tester et d’améliorer les systèmes autonomes dans des conditions simulées. Elle a levé 250 millions de dollars en mars 2024, atteignant une valorisation de 6 milliards (lire Qant du 13 mars 2024).

Leçons d’Ukraine

La grande leçon de ces dernières années est cependant venue d’Ukraine et elle correspond à un problème d’industrialisation plus que d’innovation. Alors que les drones américains peuvent coûter des millions de dollars, les Ukrainiens ont réussi à geler le front et bloquer la flotte russe au port en utilisant des appareils qui n’en coûtent que quelques milliers, voire quelques centaines.

Anduril Industries, basée en Californie, a entamé la construction d'une méga-usine nommée Arsenal-1 à Columbus, dans l’Ohio. Ce site de 200 hectares, qui produira des drones et armes autonomes en masse, devrait être opérationnel en juillet 2026. Avec un investissement de près d’un milliard de dollars et 4 000 emplois directs à la clé, l’usine s’inscrit dans une stratégie visant à augmenter rapidement la capacité de production des États-Unis, quasiment absents d’un marché où les Chinois se sont imposés. Les drones Barracuda, produits en masse, devraient être vendus aux alentours de 150 000 dollars – encore très loin des drones ukrainiens, mais d’un ordre de grandeur moins chers.

Skydio, quant à elle, se concentre sur les drones destinés aux forces de l’ordre et aux armées. Après une levée de fonds de 170 millions de dollars en novembre 2024, la société s’efforce de répondre à une demande accrue dans le secteur de la défense, qui représente désormais plus de la moitié de ses commandes en cours. Un partenariat stratégique avec le Japon a été conclu pour déployer des drones autonomes sur 1 000 sites et renforcer l’intégration des technologies Skydio à l’international.

Avions autonomes

À San Diego, Shield AI poursuit le développement d’essaims d’avions autonomes. La start-up est actuellement en négociations pour une levée de fonds de 200 millions de dollars qui valoriserait l'entreprise à 5 milliards de dollars (lire Qant du 20 janvier). Ce financement, soutenu par des acteurs comme Palantir et Airbus, permettra d'accélérer la production de drones utilisant le logiciel Hivemind, capable de fonctionner sans GPS. Shield AI vise ainsi à répondre aux besoins croissants des armées pour des missions en environnements complexes.

Enfin, il convient de suivre Epirus, qui développe des technologies anti-drones basées sur des micro-ondes. Début janvier, la société a entamé un tour de table qui vise à lever entre 150 millions et 200 millions de dollars, avec une valorisation projetée à environ 1 milliard. Ces financements permettront de renforcer le développement de ses solutions destinées à intercepter des essaims de drones ennemis, un enjeu crucial dans les conflits actuels.

Aéronautique et technologies spatiales

Les technologies aéronautiques et spatiales continuent de jouer un rôle central. Hermeus par exemple, basée à Atlanta, développe des avions hypersoniques capables de voler à plus de cinq fois la vitesse du son. Bien que la société en soit encore à un stade précoce, elle travaille sur des applications commerciales et militaires visant à répondre à des besoins de transport rapide et d’évitement des systèmes de défense.

Début janvier, Firefly Aerospace a de son côté contribué à la mission lunaire menée par SpaceX en fournissant son atterrisseur Blue Ghost 1. Cet appareil a transporté dix charges utiles de la Nasa sur la surface lunaire, notamment des instruments destinés à analyser la composition électromagnétique et thermique de la Lune. Ces données devraient également aider à améliorer les procédures de décollage et d’atterrissage dans des environnements extraterrestres.

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