Il y a le marketing (ci-dessus).
Demain, les consommateurs américains vont découvrir le casque de réalité virtuelle Vision Pro dans les magasins Apple. Plus de 160 000 casques ont été vendus lors du seul week-end de précommande, mais un rendez-vous avec un technicien reste nécessaire pour la personnalisation.
Et puis il y a la presse (ci-dessous).
Les médias américains qui ont pu tester le Vision Pro pendant une semaine avant sa sortie s'accordent à reconnaître qu’il s’agit du meilleur casque de réalité virtuelle jamais construit. Ses capacités immersives en font un téléviseur incomparable, qui offre une 3D naturelle grâce à la qualité de ses deux écrans et un son spatial de bonne qualité. Netflix et Youtube ont tardé à intégrer leurs offres, mais ils devront probablement s’aligner sur Disney, HBO et les autres grands studios.
En revanche, le poids du Vision Pro et sa batterie externe ont tendance à en faire un appareil fixe, ou du moins à décourager l’utilisateur de trop se mouvoir. Le Quest de Meta, sept fois moins cher, restera la plateforme de référence pour les jeux en réalité virtuelle, aidé sans doute en cela par les relations historiquement difficiles d’Apple avec les éditeurs de jeux vidéo. Et les Personas, des avatars photoréalistes pour les visioconférences (qui ne montreraient autrement des visages masqués par les casques), font l’unanimité contre elles.
Réalité mixte et calcul spatial
Cependant, le Vision Pro excelle aussi dans la réalité mixte. Cela a suffi pour convaincre Joanna Stern, l’une des stars du journalisme tech américain.
Le Vision Pro vu par Joanna Stern. Source : Wall Street Journal
L’excellence vidéo du Vision Pro lui confère un "passthrough" de qualité, qui permet à l’utilisateur d’observer son environnement filmé par le casque, tout en y disposant des fenêtres de calcul. Le casque peut être couplé à un Mac ou un iPhone et l’utilisateur peut multiplier les fenêtres dans tout son environnement.
Ce “calcul spatial” tient ainsi compte de la position du casque et de chaque fenêtre dans un environnement entièrement reconstruit. Joanna Stern se déclare par exemple séduite par la possibilité de disposer des comptes à rebours au-dessus des casseroles, en fonction du temps de cuisson. “C’est un véritable ordinateur de cuisine” sourit-elle, même si elle soumet le Vision Pro à des tests bien plus exigeants, allant jusqu’à skier avec et s’en servir comme d’une caméra GoPro.
Les utilisateurs interagissent avec les applications simplement en remuant les yeux ou en pinçant les doigts : les caméras du casque analysent ces mouvements et les transforment en inputs dans le calcul. Le choix de se passer de capteurs manuels est souvent critiqué, ainsi que le poids de l'appareil, qui peut rendre le port du casque désagréable avec le temps. Mais étonnamment, personne ne relève que l’intelligence artificielle permet de plus en plus de parler à la machine, qu’il s’agisse de la broche de Humane ou des lunettes AR de Meta-RayBan.
Le Vision Pro désossé par Nilay Patel. Source : The Verge
Le calcul spatial peut générer une réalité réellement augmentée, où des commandes données dans le casque agissent réellement sur l’environnement (ou réciproquement). Nilay Patel de The Verge relève, ci-dessus, trois premières fonctionnalités : un bouton virtuel de connexion entre le Vision Pro et le Mac, une fenêtre de visualisation de texte saisi au clavier, et un écran d’un des rares jeux proposés, Super Fruit Ninja. Cela reste assez mineur, mais pourra prendre de l’ampleur avec les versions suivantes du casque – ou d’éventuelles lunettes de réalité augmentée.
Nilay Patel s’interroge de manière systématique sur la capacité du Vision Pro à porter des applications qui en feront après ses premières versions, non plus un gadget pour technophiles fortunés mais un appareil essentiel, comme cela a été le cas pour l’iPhone. Et il ne cite que ces fonctionnalités, bien mineures, de réalité augmentée: le temps de l’enthousiasme pour le potentiel de la réalité virtuelle et mixte est bien révolu.
Joanna Stern, de son côté, fait même un clin d'œil malicieux aux lunettes A/R Meta-Ray Ban, qui pour l’instant semblent bien mieux préfigurer le successeur du smartphone que le Vision Pro.
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