L’institut de l'université de Stanford pour une IA centrée sur l’humain (Human-Centered Artificial Intelligence ou HAI) vient de publier son septième AI Index. Comme l’an dernier ((lire Qant du 14 avril 2023), il détaille les multiples impacts de l’IA sur la société et l'économie mondiales, en examinant des domaines aussi variés que l'économie, l'emploi, la santé et les politiques publiques.
Pour mener cette étude, les chercheurs combinent des analyses quantitatives basées sur des données économiques avec des études de cas sectorielles. Le rapport inclut également des perspectives issues de divers entretiens avec des experts et des leaders d’opinion. L’objectif était de fournir une vue d'ensemble des tendances actuelles et futures de l’IA et de comprendre ses répercussions à l’échelle mondiale.
Forte croissance de l’économie et des inégalités
Stanford considère que l’IA accroîtra la productivité mondiale de manière significative, avec des projections de gains économiques pouvant atteindre jusqu’à 11 % d’ici 2035. Cependant, cette croissance risque de ne pas être équitablement répartie entre les pays. Les pays qui disposent déjà d’infrastructures numériques robustes et d’un environnement propice à l’innovation bénéficieront davantage des technologies d’IA, exacerbant ainsi les inégalités entre nations développées et en développement.
Dans le cadre de l’économie mondiale, les pays à forte capacité d’adaptation technologique pourront augmenter leur croissance annuelle de 1,2 point de pourcentage grâce à l’IA, tandis que d'autres pourraient voir leur croissance stagner si des politiques adaptées ne sont pas mises en place.
Vent d’innovation
Comme le montrent des modèles comme Gnome (lire Qant du 1er décembre 2023) et Alphafold (lire Qant du 13 mai), l’IA accélère considérablement la recherche scientifique. Cela déclenchera un blizzard d’innovations dans tous les secteurs, notamment dans la santé. Les chercheurs soulignent que l’IA peut améliorer les diagnostics, personnaliser les traitements et optimiser la gestion des soins de santé. Des algorithmes d’IA peuvent détecter des maladies avec une précision qui dépasse déjà celle des cliniciens humains, dans certains cas.
Néanmoins, ces progrès technologiques s’accompagnent d’enjeux éthiques majeurs. La confidentialité des données des patients, la question de l’accès équitable aux technologies de santé et les risques de biais algorithmiques sont autant de préoccupations soulevées par les chercheurs. Le rapport appelle donc à des régulations strictes pour assurer l’intégrité et l’éthique des technologies de santé pilotées par IA.
Moins d’emplois, plus de compétences
Un nombre important d'emplois pourrait être menacé par l’automatisation. L’industrie et les services connaissent une poussée importante d’automatisation, qui touche en priorité les tâches répétitives et à faible qualification. En attendant que cette automatisation crée de nouveaux emplois dans les secteurs technologiques, le rapport indique qu’il est crucial d’investir dans la formation et la reconversion des travailleurs pour minimiser les pertes d’emplois. Des politiques publiques favorisant la montée en compétences dans les domaines liés à l’IA sont essentielles pour gérer la transition vers une économie automatisée.
Le rapport préconise l’introduction de l'IA dans les cursus scolaires et universitaires afin de préparer les futures générations à un monde dominé par ces technologies. Ils encouragent également la coopération internationale pour partager les meilleures pratiques et les recherches sur les politiques publiques favorisant une adoption éthique et responsable de l’IA. La coopération entre les gouvernements, les entreprises et les institutions académiques pourrait jouer un rôle clé dans la régulation de l’IA et la création de solutions inclusives.
Gouvernance mondiale de l’IA
Le rapport souligne en outre l’urgence de créer une gouvernance mondiale pour encadrer l’utilisation de l’IA, notamment dans des domaines sensibles comme la surveillance et la sécurité. Il préconise l’élaboration de régulations internationales pour prévenir des dérives telles que l’utilisation de l'IA pour la surveillance de masse ou des applications militaires non éthiques.
Les chercheurs estiment que l'absence d’une régulation internationale entraînera des dérives technologiques incontrôlées. Ils plaident pour la mise en place de mécanismes de régulation clairs au niveau global.
Ce sera là le rôle du sommet de Paris, en février. Ces prochains jour, nous explorerons plus en détail certains aspects spécifiques de l’étude.
Demain : l’état de l’art de l’IA.
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