L’administration Trump, après avoir annulé en janvier dernier le décret exécutif de Joe Biden sur l’intelligence artificielle, a lancé un appel à propositions pour un AI Action Plan national. Ce plan doit guider la politique américaine en matière d’IA et renforcer son leadership face à la montée en puissance de la Chine. Google et OpenAI ont proposé la semaine dernière des visions détaillées, mettant en avant à la fois les opportunités économiques et les impératifs de sécurité nationale.
Un plan pour maintenir la suprématie américaine
Pour OpenAI, la priorité du futur AI Action Plan est de garantir que l’IA américaine, fondée sur des principes démocratiques, continue de dominer le paysage technologique mondial. L’entreprise insiste sur la nécessité d’un cadre réglementaire souple qui permette aux développeurs et aux entrepreneurs de créer librement sans être freinés par des régulations excessives. Elle met en garde contre une fragmentation réglementaire internationale, ou même entre États américains, qui pourrait ralentir l’innovation et donner un avantage stratégique à la Chine.
Google partage cet objectif, mais insiste davantage sur l’importance d’une gouvernance équilibrée de l’IA. L’entreprise recommande une réglementation qui protège la sécurité nationale tout en évitant des restrictions excessives à l’exportation des technologies américaines. Elle préconise également un investissement massif dans la recherche et le développement ainsi qu’un accès facilité aux ressources informatiques pour les chercheurs.
Infrastructure et sécurité : des enjeux centraux
Les deux entreprises s’accordent sur la nécessité de moderniser l’infrastructure énergétique pour répondre à la demande croissante des centres de données dédiés à l’IA. Google souligne que la consommation énergétique des data centers liés à l’IA pourrait croître de 40 gigawatts d’ici 2026 et préconise des réformes pour faciliter l’expansion du réseau électrique américain.
OpenAI, de son côté, met en avant l’importance d’une stratégie d’exportation des modèles d’IA alignée sur les valeurs démocratiques américaines. L’entreprise propose une classification des pays en trois catégories : ceux engagés à utiliser l’IA de manière responsable, ceux nécessitant un contrôle plus strict et enfin ceux, comme la Chine, exclus de l’accès aux technologies avancées pour des raisons de sécurité nationale.
Une bataille économique et technologique avec la Chine
La montée en puissance de l’IA chinoise constitue une préoccupation majeure pour les deux entreprises. OpenAI cite notamment le modèle DeepSeek R1, développé par la Chine, comme un indicateur de la compétition technologique en cours. Elle alerte sur les risques liés à l’utilisation de modèles d’IA sous influence chinoise, qui pourraient être manipulés par le Parti communiste chinois.
Google met en avant une approche plus diplomatique, proposant de renforcer les alliances internationales autour d’une IA respectant les standards démocratiques. L’entreprise recommande d’établir des règles commerciales qui favorisent la diffusion des technologies américaines tout en garantissant la protection de la propriété intellectuelle.
L’adoption de l’IA par le gouvernement américain
Les deux entreprises plaident pour une adoption plus rapide de l’IA par les agences gouvernementales américaines. OpenAI propose d’accélérer les processus d’approbation de nouveaux outils basés sur l’IA et d’améliorer la collaboration entre le secteur privé et les agences de sécurité nationale.
Google, de son côté, recommande de simplifier les procédures de marché public et d’adopter des standards d’interopérabilité entre les différentes solutions d’IA utilisées par le gouvernement. Elle met aussi en avant l’importance d’une formation massive des travailleurs américains aux compétences en IA pour garantir un marché du travail compétitif.
Les recommandations de Google et OpenAI convergent sur de nombreux points. Elles ont aussi été rendues publiques quasiment au même moment. Ce n’est sans doute pas un hasard : à Washington, les deux géants sont tous deux en butte à l’hostilité des amis d’Elon Musk. Très nombreux en ce moment, ils comptent notamment le VC David Sacks, devenu “Tsar IA” – conseiller à la Maison-Blanche pour l’IA – qui formulera le plan et en dirigera la mise en œuvre. Ils ont donc intérêt à s’allier pour tenter d’influencer les termes du débat.
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