Au premier semestre 2025, peut-être dès cette semaine, Nvidia prévoit de lancer un nouvel appareil de la famille Jetson, qui regroupe des modules système, des logiciels et des outils de développement dédiés aux technologies robotiques et à l’intelligence artificielle.
Génération et simulation
Cette nouvelle version de Jetson Thor, spécialement développé pour équiper les robots humanoïdes, devrait être selon les informations du Financial Times un ordinateur compact avec une capacité de traitement de 2 000 téraflops (contre 800 téraflops à 8 bits actuellement). Il sera conçu pour permettre aux robots de réaliser des tâches exigeantes comme la reconnaissance d’objets en temps réel, la navigation autonome et le traitement du langage naturel.
Nvidia renforce ainsi sa position auprès des fabricants de robots et des développeurs, au moment où l’essor des modèles d’IA générative et les progrès réalisés dans les environnements simulés ouvrent de nouvelles perspectives à une industrie naissante. La GenAI permet aux robots de mieux interagir avec les humains, mais aussi de mieux comprendre leur environnement. Les simulations permettent d’entraîner les robots dans des conditions virtuelles réalistes avant leur déploiement dans des environnements réels, une étape essentielle pour accélérer le développement de la robotique.
Barre à Cuda
En adoptant une stratégie axée sur la fourniture de solutions aux fabricants d’équipements d’origine (OEM), Nvidia espère outiller des "centaines de milliers" de concepteurs dans le monde, afin qu’ils puissent créer et perfectionner leurs robots en s’appuyant sur les technologies de la plateforme Jetson. Il pourrait ainsi répéter le succès de Cuda, sa technologie propriétaire de calcul sur des puces graphiques (GPGPU ou General-Purpose Computing on Graphics Processing Units), qui a assis sa domination dans l’IA.
La plateforme Jetson bénéficie déjà d'une forte adoption. En 2024, plus d’un million de développeurs et 6 000 entreprises, dont un tiers de start-up, ont utilisé ses outils pour créer des solutions robotiques et d’IA. Ce réseau étendu constitue une base solide pour le lancement de Jetson Thor et pour l’expansion de Nvidia dans le secteur de la robotique humanoïde.
En parallèle, Nvidia propose également des outils complémentaires, notamment le modèle de fondation Project Gr00t (lire Qant du 20 mars 2024), la suite de programmation Isaac et la plateforme Omniverse, qui permettent notamment de créer des jumeaux numériques. Ces modèles virtuels précis sont utilisés pour entraîner et tester les robots dans des environnements simulés, offrant un gain de temps et de fiabilité dans le développement.
Menu fretin
Par ailleurs, Nvidia a récemment investi dans de nombreux projets robotiques. L’entreprise a participé à un financement de 675 millions de dollars (environ 625 M€, lire Qant du 1er mars) pour Figure AI et collabore avec des sociétés comme Apptronik et Google DeepMind. Ces partenariats renforcent son influence dans un secteur estimé à 165 milliards de dollars par l’américain BCC Research d’ici 2029.
Cette incursion dans la robotique peut se comprendre comme une diversification. Les grands opérateurs de cloud – Amazon, Google, Microsoft et même Apple – développent leurs propres puces d’IA pour réduire leur dépendance envers les solutions Nvidia. AMD développe une offre de plus en plus perfectionnée. Mais l’avance de Nvidia semble trop fort” pour l’instant.
Depuis deux ans, le monde de la robotique est convaincu du potentiel des LLM embarqués. En le soutenant, Nvidia s’ouvre à la possibilité de bondir sur une nouvelle tendance forte, tout comme elle est passée des cartes graphiques à l’IA.
En attendant le moment ChatGPT de la robotique.
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