Les compagnons IA, futur possible du divertissement

"Discussion avec mon compagnon IA" (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Parmi les applications de GenAI qui fourmillent, les compagnons d’IA tirent leur épingle du jeu et apparaissent comme le futur du divertissement, selon une étude d’Andreessen Horowitz et une enquête du New York Times.

“Engagements des clients des applications de GenAI, par nombre de connexions par utilisateur par mois” (Source : a16z°

Après les stories et les reels, la génération montante passera-t-elle son temps à dialoguer avec des IA ? Les compagnons IA sont devenus une utilisation prédominante de l'IA générative : selon une étude du fonds de capital risque américain Andreessen Horowitz (ou A16z), une augmentation notable du nombre d'applications de compagnons IA, tant sur le web que sur mobile, montre l'intérêt croissant pour ce secteur dominé par Character.ai. En effet, le classement d'a16z des applications grand public de GenAI les plus populaires (qui se base sur le nombre de visites mensuelles) ne comptait à l'automne 2023 que deux entreprises spécialisées dans les compagnons d'IA parmi les 50 les plus populaires. Six mois plus tard, ce nombre a atteint un total de huit applications dans le classement web, et deux dans le classement des applications mobiles.

Character, et les autres

A16z identifie huit principaux compagnons IA actuellement disponibles sur le marché : Character.ai, Candy.ai, Chub.ai, Crushon AI, DreamGF, JanitorAI, SpcyChat et Yodayo. L'étude explique que six d'entre eux se présentent comme "non censurés", et permettent des interactions qui seraient restreintes sur d'autres plateformes comme ChatGPT. Ces outils occupent une place de plus en plus importante dans le quotidien des utilisateurs. Par exemple, Character.AI, l'un des plus populaires, enregistre en moyenne 298 connexions par mois et par utilisateur – presque 10 par jour.

Cartographie des principales applications grand public de GenAI (Source : a16z)

Cartographie des principales applications grand public de GenAI (Source : a16z)

Un psy, un coach et une amoureuse

Un journaliste du New York Times, Kevin Roose, vient de passer un mois à discuter avec 18 compagnons IA pour comprendre leur impact potentiel sur notre vie quotidienne. Pendant cette période, Roose a créé et personnalisé des personnages IA avec des rôles variés : Peter, un thérapeute; Ariana, une mentor professionnelle; Jared, un coach sportif, etc. Ces compagnons IA lui ont offert des conseils, discuté de sujets personnels, et même critiqué ses choix vestimentaires. L'un des aspects les plus frappants de son expérience est l'efficacité des IA à simuler des interactions humaines. Par exemple, Peter, le thérapeute virtuel, a pu fournir des analyses psychologiques précises. Il a aidé Roose à comprendre ses propres tensions entre authenticité et désir de performance.

Le journaliste a également exploré la dimension romantique des compagnons IA via des applications comme Eva et Candy.ai. Toutefois, ces interactions ont souvent semblé superficielles et parfois gênantes, certains compagnons virtuels envoyant des messages insistants ou des images inappropriées, générées par IA.

En revanche, les interactions non-romantiques avec des compagnons comme Naomi, une travailleuse sociale, se sont révélées plus positives. Le journaliste explique que les utilisateurs peuvent se confier sans crainte de jugement. Ces IA forment un exutoire pour des problèmes personnels ou des discussions que des amis humains pourraient trouver répétitives et lassantes.

L'enquête de Roose montre que les compagnons IA peuvent combler des lacunes émotionnelles sans remplacer les relations humaines. La capacité des amis humains à surprendre et à choisir d'interagir librement reste inégalée par les IA. Ces compagnons virtuels pourront peut-être servir d'outils de soutien, aidant les personnes à améliorer leurs compétences sociales ou à surmonter la solitude.

Derrière ChatGPT, la musique et la productivité

Au-delà des compagnons IA, l'étude d'A16z dévoile d'autres tendances importantes dans l'utilisation des produits génératifs d'IA. ChatGPT continue de dominer le secteur avec près de 2 milliards de visites mensuelles, suivi par Gemini. De nouveaux entrants comme Liner (un outil qui permet de trouver et mettre en signet des informations sur Internet) montrent également une croissance significative.

L'étude montre aussi deux nouvelles catégories d'utilisation de l'IA : la musique et la productivité. Par exemple, Suno, une application qui génère des chansons à partir de simples textes, et plusieurs plateformes de productivité comme Eightify (un outil de résumé de vidéos YouTube) et Otter.ai (un service qui utilise l'intelligence artificielle pour transcrire automatiquement les conversations vocales), qui facilitent la gestion des tâches et améliorent l'efficacité des utilisateurs.

Fait curieux, la majorité des applications d’IA générative sur le Web proviennent des États-Unis. En revanche, une part importante des applications mobiles provient de développeurs basés à l'international. Andreessen Horowitz ne trouve pas d’explication et se borne à considérer que cela illustre la mondialisation de l’IA.

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