Tous les concurrents du Cybercab

La course des taxis autonomes • Qant, M. de R. avec Midjourney

Bien avant Tesla, le marché des robotaxis a été défriché par Waymo, Baidu, Uber, Yandex, General Motors, Hyundai, Nissan…

La concurrence s'intensifie entre les acteurs chinois et américains dans le secteur des technologies de conduite autonome. Cette rivalité se voit renforcée par des tensions géopolitiques, notamment avec la proposition récente du département du Commerce des États-Unis d'interdire l'utilisation de composants logiciels et matériels chinois dans les véhicules connectés sur le sol américain, invoquant des raisons de sécurité nationale. Simultanément, les autorités chinoises renforcent les contrôles sur la gestion des données de ces véhicules intelligents.

Le géant chinois Baidu se prépare à étendre ses services de robotaxis Apollo Go en dehors de la Chine, avec des ambitions tournées vers des marchés internationaux comme Hong Kong, Singapour et le Moyen-Orient. En vue de cette expansion, l'entreprise a engagé des discussions avec des partenaires commerciaux et des régulateurs locaux dans ces régions pour faciliter l'intégration de ses véhicules autonomes. Le développement de la plateforme Apollo Go se poursuit avec la préparation d'une nouvelle version, nommée Apollo 10.0, conçue pour répondre aux besoins d'une clientèle mondiale.

Baidu, et les autres

En Chine, Baidu a déjà déployé une flotte de plus de 400 taxis autonomes dans la ville de Wuhan et y a réalisé près de 900 000 trajets au cours du deuxième trimestre. Cet engagement croissant dans le domaine de la mobilité autonome reflète la stratégie de diversification de l'entreprise, qui mise sur la technologie et l'intelligence artificielle pour pallier le ralentissement de son activité publicitaire.

D'autres entreprises chinoises misent elles aussi sur une présence internationale pour développer leurs solutions de transport autonome. Pony.ai, soutenue par des acteurs comme Toyota et le Neom Investment Fund d'Arabie Saoudite, envisage d'introduire ses technologies de conduite autonome en Corée du Sud, en Europe et au Moyen-Orient. Elle a déjà conclu un partenariat avec une compagnie de taxis à Singapour.

De son côté, WeRide, qui compte Nissan parmi ses investisseurs, a obtenu des autorisations de test pour ses véhicules autonomes dans plusieurs pays, y compris aux États-Unis. Elle collabore avec Uber pour offrir des services de robotaxis aux Émirats arabes unis. WeRide a également mis en place des navettes autonomes sur l'île de Sentosa à Singapour.

Waymo, seul ou accompagné

Côté américain, Waymo continue à s'étendre : la filiale de Google qui opère son propre service à San Francisco et Los Angeles (lire Qant du 6 mars 2024), et développe depuis 2023 un partenariat avec Uber à Phoenix (lire Qant du 25 mai 2023). Elle proposera ses robotaxis via l'application Uber à Austin au Texas et à Atlanta en Géorgie début 2025.

Dans ce partenariat, Uber et Waymo tirent parti de leurs atouts respectifs : Uber offre à Waymo l'accès à sa large base de clients, tandis que Waymo permet à Uber de proposer un service de transport autonome de pointe. Lors du lancement à Austin et Atlanta, les robotaxis de Waymo ne seront accessibles que via l'application Uber. Son application propre, Waymo One, ne sera pas activée dans ces deux villes.

Austin, Atlanta, et après ?

La répartition des rôles dans ces nouvelles villes sera plus nuancée qu'à Phoenix : Uber gérera l'entretien des véhicules, y compris le nettoyage, les réparations et la logistique opérationnelle, tandis que Waymo se concentrera sur la fourniture des véhicules autonomes, ainsi que sur l'assistance routière et le support client. Les deux entreprises partageront à la fois les coûts et les revenus générés par ce service de transport autonome, même si les détails de cette répartition restent confidentiels.

Dans ce partenariat, Uber et Waymo tirent parti de leurs atouts respectifs : Uber offre à Waymo l'accès à sa large base de clients, tandis que Waymo permet à Uber de proposer un service de transport autonome. Lors du lancement à Austin et Atlanta, les robotaxis de Waymo ne seront accessibles que via l'application Uber, contrairement à son application propre, Waymo One, qui ne sera pas activée dans ces deux villes.

Uber, le retour après la chute

En parallèle de leur collaboration sur les robotaxis, Uber et Waymo poursuivent leur partenariat dans le secteur du transport de marchandises autonomes. Ce projet, toujours en cours, permet aux propriétaires de flottes de camions d'utiliser les technologies de conduite autonome de Waymo pour des trajets offerts par Uber Freight, la division de transport de fret de l'entreprise.

De plus, la stratégie de Waymo d'étendre son réseau de transport autonome ne se limite pas à Uber. Dans le passé, elle avait collaboré avec Lyft pour intégrer ses véhicules autonomes sur l'application de ce concurrent, avant que cet accord ne prenne fin en 2020. Actuellement, Motional, une autre entreprise de robotaxis détenue par Hyundai, propose également ses services autonomes sur l'application Uber à Las Vegas.

Avride, ex-filiale de la russe Yandex, vient de son côté de signer un accord avec Uber, pour introduire des véhicules autonomes dans ses services de livraison et de transport dans plusieurs villes américaines, avec un lancement prévu en 2025 pour les trajets en robotaxis.

L'histoire d'Uber dans le domaine de la conduite autonome a également été marquée par des échecs. Après avoir tenté de développer sa propre flotte de véhicules autonomes, l'entreprise a mis fin à son programme en 2018, à la suite d'un accident qui a entraîné la mort d’une piétonne. Une enquête fédérale a ensuite révélé qu'Uber était en partie responsable de cet incident, ce qui a conduit à une réorientation stratégique de l'entreprise vers des partenariats comme celui avec Waymo.

De même, General Motors a été contrainte de mettre en sommeil ses ambitions. Suite à un incident impliquant un des véhicules de Cruise et un piéton, la licence de Cruise en Californie a été suspendue, le département de la Justice et la SEC ont ouvert des enquêtes, et Cruise a retiré tous ses véhicules en circulation, même s’ils étaient déployés dans d’autres États, et licencié 900 de ses 3 800 salariés, y compris les dirigeants (lire Qant du 16 décembre 2023).

Pour en savoir plus :

L’essentiel