Robeauté : 27 millions pour un robot dans le cerveau

Source : Robeauté

La start-up française Robeauté a annoncé une levée de fonds de 27 millions d’euros pour développer des microrobots destinés à la neurochirurgie. Ces dispositifs miniatures visent à transformer les interventions cérébrales grâce à une approche peu invasive et hautement précise.

Fondée en 2017 à Paris par Bertrand Duplat et Joana Cartocci, Robeauté développe un microrobot autonome de 1,8 millimètre, soit la taille d’un grain de riz, capable de naviguer à travers la matrice extracellulaire du cerveau. Contrairement aux outils neurochirurgicaux actuels, souvent rigides et limités à des trajectoires linéaires, ce microrobot peut emprunter des trajectoires courbes, pour atteindre plusieurs sites cibles sans endommager les cellules environnantes.

Médecine de précision

Initialement conçu pour des biopsies avancées, ce microrobot polyvalent peut également être utilisé pour délivrer des médicaments, implanter des électrodes ou collecter des échantillons biologiques et des données en temps réel. Ces fonctionnalités en font un outil prometteur pour diagnostiquer et traiter les neuropathologies, tout en surmontant des obstacles comme la barrière hémato-encéphalique, qui complique l’accès des traitements aux zones cibles du cerveau.

Les techniques neurochirurgicales actuelles sont invasives et parfois fatales, tandis que les traitements médicamenteux peinent à atteindre leur cible. Le microrobot de Robeauté vise à offrir une médecine de précision personnalisée, avec un accès sans précédent au cerveau et un impact réduit sur les tissus sains.

Le GPS du cerveau

Le développement de ces microrobots a nécessité plusieurs années de recherche et l’obtention de plus de 50 brevets couvrant des innovations en robotique, électronique et microfabrication. Chaque robot est équipé d’un moteur miniature, d’une hélice, d’un système de navigation et d’un fil ultrafin permettant de relayer des données et de guider le robot en temps réel.

Ce fil agit également comme une voie d’accès pour transporter des outils ou des médicaments vers le site cible, tout en permettant le retour d’échantillons de tissus sans nécessiter que le robot sorte du cerveau. Grâce à des cartes 3D détaillées obtenues via l’imagerie cérébrale, le robot peut être programmé pour atteindre des zones spécifiques en suivant un chemin préétabli. Cette navigation s’apparente à un système GPS en trois dimensions, spécialement conçu pour l’environnement cérébral.

L’une des caractéristiques clés du microrobot de Robeauté est sa capacité à accéder à plusieurs sites sur une tumeur ou une lésion à partir d’un seul point d’entrée. Cette fonctionnalité est essentielle pour les analyses génétiques des cancers, où les cellules au sein d’une même tumeur peuvent présenter des variations importantes. En fournissant des échantillons multi-sites, le microrobot pourrait améliorer la compréhension des maladies neurologiques et ouvrir la voie à des traitements plus ciblés.

Une levée de fonds pour accélérer le développement

Robeauté a déjà mené des tests concluants sur des animaux vivants, ainsi que sur des cerveaux humains post-mortem. La start-up, qui emploie une vingtaine de personnes, s’appuie sur des collaborations avec des laboratoires universitaires, dont ceux de la Sorbonne, pour continuer à affiner sa technologie.

La prochaine étape consiste à débuter les essais cliniques sur l’homme en 2026, une étape cruciale pour valider l’efficacité et la sécurité du microrobot. En parallèle, l’entreprise prévoit d’ouvrir des bureaux aux États-Unis pour faciliter le processus d’approbation réglementaire et préparer la commercialisation à grande échelle.

La levée de fonds de 27 millions d'euros, qui financera ce projet, a été menée par la britannique Plural, l’allemande Cherry Ventures et la californienne Kindred Ventures, avec la participation d’autres fonds anglais, allemands et autrichiens (LocalGlobe, Think.Health, Apex Ventures et Brainlab).

De français, point.

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