Trois petits tarifs et puis s’en vont… et puis reviennent…

Liz Trump ou Donald Truss ? L’art de transformer en déroute une reculade  • Qant avec GPT-4o

Vendredi, Apple et Tesla ont obtenu une exemption cruciale pour leur survie, ainsi que Shein et Temu. Dimanche, Donald Trump a affirmé son intention de rétablir les tarifs douaniers. De quoi aggraver la crise financière qui s’annonce et donner une chance historique à la Chine.

  • RECULADE. Vendredi en fin de journée, après la clôture du marché, la Maison-Blanche et les douanes américaines ont publié une longue liste de produits électroniques exemptés des droits de douane contre la Chine, finalement établis à 145 %, et contre tous les autres pays (reportés de trois mois, sauf un tarif universel de 10 % dont la tech sera exemptée). Les tarifs payés par les importateurs américains entre le 5 et le 11 avril seront remboursés.
  • CONTRE-ORDRE. Dimanche, en rentrant du golf dans l’avion présidentiel, Donald Trump a déclaré aux journalistes présents qu’il annoncerait “la semaine prochaine” des tarifs de remplacement sur les semiconducteurs. Presque au même moment, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick que les tarifs seraient mis en place après une investigation en cours sur le secteur, “dans un mois ou deux”.
  • DUTY-FREE. Pour l’heure, sur les chiffres de 2024, presque 400 milliards de dollars d’importations tech ne paieront aucun droit : plus de 100 milliards en provenance de Chine, soit 22 % du total, mais 64 % des exportations de Taïwan, 44 % de la Malaisie et un tiers de celles du Vietnam et de Thaïlande.
  • CHINE GAGNANTE... Les gagnants de cette reculade provisoire sont bien sûr Apple et Tesla, dont le lobbying semble avoir été à l’origine de la suspension, ainsi que Dell, Intel, Nvidia et tous les fabricants de produits technologiques. Mais aussi leurs fournisseurs chinois et même les distributeurs Shein et Temu : l’exception “de minimis” sur les paquets de moins de 800 dollars est rétablie sine die.
  • … DOLLAR PERDANT. Alors que les bourses américaines ont regagné, après la suspension des tarifs, une partie du terrain perdu depuis le funeste 2 avril, “jour de la libération” trumpienne, les marchés de taux restent très pessimistes. Le dollar recule très fortement contre l’euro et le yen, et dans une moindre mesure contre l’or et le bitcoin. La production de crédit ralentit fortement et les intérêts que les États-Unis paient sur leur dette souveraine continuent de s’envoler.

À Wall Street, le fondateur de Tolou Management Spencer Hakimian a été l’un des critiques les plus éloquents de la politique de Donald Trump • source : X

  • EN FILIGRANE : Make America Broke Again. La perte de confiance dans les États-Unis provoque simultanément la baisse du dollar, qui a plongé de presque -5% sur l’euro en quelques jours, et l’augmentation des taux sur les bons du Trésor. Cela marque une fuite des capitaux inédite depuis le “Nixon shock” de 1971 et la fin de l’étalon-or. En 2022, un phénomène similaire avait mené à la démission de Liz Truss, éphémère Première ministre britannique. Mais les comptes publics américains sont en bien plus mauvais état et le phénomène, s’il se confirme, évoque plutôt les crises vécues par de nombreux pays latino-américains à partir des années 1980, et notamment l’Argentine en 1998.
  • À SURVEILLER : Le dragon qui pousse ses pions. Après la reculade de Trump sur TikTok et sa débandade sur la tech, Pékin ne peut que se féliciter d’avoir, seul, tenu tête au caudillo de la Maison-Blanche. « On ne ressent en Asie aucune crainte sur la croissance » témoigne un observateur sur place. La crise de la semaine dernière et les tarifs douaniers américains sont plutôt vécus en Chine comme un “stress test” sur sa résilience en cas de conflit autour de Taïwan, titrait dimanche le journal de Hong-Kong, le South China Morning Post. Et la Chine a progressivement réduit son exposition à la dette publique américaine : moins de 760 milliards de dollars, contre plus de 1 300 milliards en 2009.

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