« Ne pas détruire inutilement l'industrie du taxi »

Paul Miller • © Forrester Research

Paul Miller, vice-président et analyste principal chez Forrester Research, examine les conséquences du déploiement progressif des robotaxis, porté par Waymo, Uber et les projets d’Elon Musk.

“Cela fait plus de dix ans qu'Elon Musk parle de l'arrivée imminente des voitures autonomes. Nous n'en sommes certainement pas encore là, mais son entreprise et d'autres travaillent dur pour améliorer les technologies qui seront nécessaires pour prendre les pilotes intéressants (mais isolés) d'aujourd'hui et les transformer en quelque chose que nous pourrions tous voir, en qui nous pourrions avoir confiance, et même utiliser dans nos déplacements quotidiens.

Les taxis autonomes de Waymo transportent déjà des passagers payants dans les centres de Phoenix et de San Francisco. Ils ont récemment commencé à proposer des essais de conduite non commerciaux sur les autoroutes plus complexes de San Francisco. Waymo et Cruise effectuent également des tests avec des conducteurs de sécurité dans plusieurs autres villes d'Amérique du Nord. Par ailleurs, Baidu exploite des centaines de taxis autonomes dans plusieurs villes chinoises, dont Wuhan.

La conduite entièrement autonome est difficile. Cela signifie qu'un véhicule doit être capable de se conduire lui-même à peu près partout où un conducteur humain pourrait le faire, sur n'importe quel type de route et dans n'importe quelles conditions météorologiques. Il est plus facile de permettre aux voitures de se conduire elles-mêmes sur des types de routes particuliers, dans des lieux connus et dans des conditions spécifiques.

Au fur et à mesure que les robots-taxis se répandent, il est probable qu'ils ne pourront pas conduire partout et qu'ils ne pourront pas fonctionner dans toutes les conditions. Ils commenceront probablement dans les grandes villes, où l'on voit déjà des chauffeurs de taxi humains s'inquiéter de ce que cela pourrait signifier pour leur emploi. Le défi consistera à déployer ces technologies de manière à ne pas détruire inutilement l'industrie du taxi et à garantir qu'il restera des emplois économiquement viables pour les chauffeurs humains capables de conduire sur des routes que les robots-taxis ne peuvent pas emprunter – par exemple, des routes de campagne sans marquage des voies, dans l'obscurité, dans une tempête de neige.

Les véhicules autonomes sur les routes publiques ne nécessitent pas seulement des progrès technologiques. Il faut aussi que la législation – et le sentiment du public – suivent.”

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