Fondée en 2015, Imagry s'appuie sur un réseau neuronal et un système de vision artificielle pour analyser l'environnement en temps réel. Contrairement aux approches traditionnelles de conduite autonome qui s’appuient sur des cartes numériques détaillées, sa technologie génère une cartographie 3D instantanée à partir de caméras embarquées couvrant jusqu'à 300 mètres à 360 degrés. Cela permet aux bus de détecter et de réagir face à des éléments comme les piétons, les véhicules et les feux de signalisation, sans dépendre de données préalables.
En supprimant le recours aux cartes en haute définition, Imagry améliore la réactivité des véhicules face aux imprévus tels que les travaux ou les obstacles temporaires. De plus, la technologie fonctionne via un apprentissage supervisé : un opérateur humain corrige les décisions erronées du système, garantissant un perfectionnement continu et une conduite plus sûre.
Une solution pensée pour les bus urbains
Imagry a choisi de se concentrer sur les bus urbains, un domaine où l’autonomie de niveau 4 est plus accessible. Ces véhicules suivent des itinéraires prédéfinis et roulent à des vitesses modérées (environ 50 km/h), ce qui simplifie leur intégration. En outre, les cycles de déploiement des bus autonomes sont plus courts et offrent des économies d’échelle pour les opérateurs.
Imagry revendique une approche matérielle agnostique, permettant d’intégrer son logiciel sur différentes plateformes de véhicules. Les bus peuvent être “rétrofittés” avec la technologie Imagry, à condition qu’ils soient dotés d’un système de direction "drive-by-wire". Le système de direction "drive-by-wire" remplace les connexions mécaniques traditionnelles par des commandes électroniques, permettant au véhicule de recevoir des instructions de conduite directement via un ordinateur. Une fois convertis, ces bus sont capables de naviguer dans des environnements variés, y compris des infrastructures complexes. Ils peuvent même gérer des spécificités locales, comme la conduite à gauche.
Une alternative économique et adaptable
En réduisant la dépendance à des matériels coûteux, la solution d’Imagry se distingue par son coût de 3 000 dollars (environ 2 750 euros) par véhicule, contre 100 000 dollars (environ 91 800 euros) pour d'autres technologies concurrentes. Le robotaxi Waymo/Jaguar, par exemple, coûterait quelque 150 000 dollars pièce.
En outre, d’après Imagry, l’utilisation de bus autonomes pourrait réduire les coûts d’exploitation de 40 000 à 70 000 dollars (entre 36 700 et 64 300 euros) par an et par bus, tout en garantissant un service constant et fiable, non soumis aux aléas humains comme les grèves ou les arrêts maladie.
Vers une adoption internationale
Imagry est impliquée dans des projets pilotes dans plusieurs pays, notamment en France, en Allemagne, au Japon et en Israël. Ces projets s’inscrivent dans un cadre réglementaire en évolution : l’entreprise explique collaborer avec les autorités locales pour adapter les normes aux spécificités des véhicules autonomes (et, espère-t-on, réciproquement). Elle est aujourd’hui la seule société à avoir passé avec succès les tests de sécurité du New Car Assessment Programme (NCAP) pour des bus. Son système s’est avéré fiable dans 99 scénarios simulés. Les essais en conditions réelles débutent et le déploiement commercial est prévu d’ici à 2027.
Sauf sortie de route.
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