L’Agence française de l’armement (DGA) a conclu un accord avec KNDS France et Safran Electronics & Defense afin de faire progresser les technologies nécessaires aux robots terrestres de combat. Ce programme, nommé Droïde, a été officialisé par un communiqué du ministère des Armées un peu plus d’un mois après sa signature le 30 décembre dernier. Il s’étendra sur une période de sept ans, avec pour objectif de mettre au point un démonstrateur robotique multi-mission capable d’évoluer sur des terrains complexes d’ici 2035.
La guerre des robots
L’accord Droïde répond à la nécessité de renforcer l’usage des systèmes robotisés dans les opérations terrestres. Ces technologies doivent à la fois améliorer l’efficacité des unités de combat et limiter l’exposition des soldats aux dangers du champ de bataille. Durant la période 2030-2035, KNDS et Safran travailleront sur plusieurs aspects clés du projet, comme la navigation autonome, la perception de l’environnement et l’intelligence artificielle pour la prise de décision. L’accord prévoit également l’implication de partenaires externes afin d’intégrer des innovations complémentaires au programme.
Le montant du projet n’a pas été communiqué, mais la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qui alloue 5 milliards d’euros aux drones et robots. Une partie des crédits d’innovation pour 2025, environ 17 millions d’euros, est destinée à faire émerger plusieurs démonstrateurs, dont celui portant sur un robot tactique terrestre polyvalent armé, d’après le blog FOB.
Défi technologique
Le développement de robots terrestres militaires pose des défis techniques importants. Ces engins doivent être capables de se déplacer dans des environnements imprévisibles et accidentés, en s’appuyant sur des capteurs avancés comme le radar, le Lidar et la vision par ordinateur. Si le GPS et la cartographie permettent une première approche, un robot destiné aux opérations militaires doit pouvoir s’adapter aux modifications du terrain en temps réel.
Au-delà des aspects techniques, l’intégration des robots terrestres soulève des questions sur leur rôle opérationnel. L’un des scénarios envisagés concerne la reconnaissance par la force, une tactique qui consiste à engager l’ennemi pour observer sa réaction et analyser ses positions. Actuellement, cette mission expose les soldats à des risques importants. L’usage de robots armés permettrait de réduire les pertes humaines tout en maintenant un avantage tactique.
KNDS dispose déjà d’une expertise dans ce domaine, avec des plateformes comme l’Optio, un véhicule à chenilles, et le Centurio, un modèle à roues, armés respectivement de canons de 20 mm et 30 mm, ou le Nerva, qui équipe les forces spéciales américaines (lire Qant du 3 décembre 2024). L’entreprise franco-allemande travaille également sur une version robotisée de la tourelle du futur char européen de combat, qui pourrait aboutir à un blindé pilotable à distance. Toutefois, le MGCS (Main Ground Combat System), futur héritier du Leclerc et Leopard 2, semble destiné au même chemin de croix que l’A-400M. Ce n’est que fin janvier qu’a été créée la société de projet MGCS, détenue à parts égales par KNDS France (ex-Nexter/Giat), KNDS Deutschland (ex-KMW), Rheinmetall et Thales, après de longues négociations qui ne semblent pas avoir éteint toutes les tensions.
Phobos, un véhicule tactique sans pilote (UGV) développé par Nexter Systems, membre du groupe KNDS
Pour en savoir plus :