- SHOWROOM. Malgré la transformation de la Maison-Blanche en vitrine pour ses voitures, l’installation très médiatisée d’Elon Musk à la tête de la réforme de l’État fédéral n’a pas été favorable à la seule entreprise cotée du groupe Musk, le constructeur de véhicules électriques Tesla.
- Les immatriculations ont fortement reculé au premier trimestre (-15 % en Californie d’après Reuters, -36% en France et -62% en Allemagne), sous l’effet d’une très militante campagne de boycott, alors que le chinois BYD est devenu le premier constructeur mondial de véhicules électriques.
- ACTE DE FOI FINANCIÈRE. Après avoir presque doublé, frôlant les 480 dollars en début d’année, les actions de Tesla ont replongé sous leur niveau lors de l’élection de Donald Trump : 240 dollars lundi contre 250 en novembre 2024.
- À ce niveau, elles continuent de se négocier 56 fois le résultat net de l’entreprise, deux fois le PER d’Apple et dix fois celui de Ford. Les investisseurs continuent de prêter foi à deux projets d’IA, tous deux en fort retard : les robotaxis et les robots humanoïdes.
- DÉPART RATÉ… Présentés il y a deux ans, les robots Optimus ont été placés au cœur du pivot de Tesla vers l’intelligence artificielle (lire Qant du 14 décembre 2023). Cependant, ce sont la canadienne Figure et la chinoise Agibot qui, les premières, ont pris le départ vers la production en série d’humanoïdes. De Boston Dynamics, filiale de Hyundai, à la chinoise UB Tech, nombreux sont les constructeurs qui semblent prêts à leur emboîter le pas. Tesla doit convaincre que les Optimus sont encore dans la course et que l’objectif de production de 10 000 robots par mois à partir de la mi-2025 sera tenu.
- …RETARD À L’ARRIVÉE Mercredi dernier, Reuters a révélé que les plans de mise en production du Cybercab ont été “disruptés” et, sans doute, arrêtés. Ce véhicule sans pédales ni volant, dédié au robotaxi, doit commencer en juin un pilote à Austin au Texas, puis dans d’autres villes américaines, avant d’être mis en production l’an prochain.
- Or, les tarifs douaniers de 145 % que Donald Trump impose contre la Chine bloquent l’importation de composants essentiels pour le Cybercab. Sans parler des deux usines de Shanghai, construites pour plus de 2 milliards de dollars, dont les ventes se sont écroulées de 21,8% au premier trimestre d’après la China Passenger Car Association.
- EN FILIGRANE : En matière de robotaxis, Amazon doit également rentrer sur le marché américain. Pour l’heure, la filiale de Google Waymo continue de creuser son avance, tout comme, en Chine, Baidu, Pony.ai, AutoX et WeRide (lire Qant du 29 novembre 2024). Les données collectées par les Tesla en circulation, dont les marchés ont fait grand cas, perdent de leur valeur relative.
- À SURVEILLER : Tesla et la politique. Alors qu’Apple a réussi à tirer son iPhone du jeu des tarfis douaniers, la position privilégiée d’Elon Musk au sein de l’administration Trump ne lui a pas permis d’éviter que Tesla soit victime de la guerre commerciale. Au contraire, son engagement politique a nui à l’image de sa société, aggravant les difficultés de recrutement et la panne d’innovation du constructeur. Il lui faut ce soir raviver le feu sacré, mais la tâche est de plus en plus difficile.
Chroniques du Teslacrash, suite

Alors que Donald Trump fait replonger les marchés, Tesla doit présenter aujourd’hui ses résultats et un “company update”. Pour tenter de masquer la panne d’innovation et sa propre perte d’influence politique, Elon Musk devra faire preuve d’une grande inventivité.